mardi 19 juin 2007

Edward Stachura


Edward Stachura (1937 - 1979)

« seul celui pour qui la vie n’est pas très dure est en mesure de l’apprécier »

Lao Tseu p. 18


SOMMAIRE

Ø Poète "proscrit"

Ø L'errance et l'œuvre

Ø "Me résigner au monde"

Ø Une légende

Ø Choix de 12 traductions originales par Mary Telus


Poète "proscrit"

Tu empêches les gens de dormir,

Tu les réveilles à la vie.


Edward Stachura est né en France en 1937 dans une famille polonaise. Ses parents décident de revenir en Pologne en 1948 alors que le jeune Edward avait déjà onze ans.

Cette France quittée malgré lui va le poursuivre toute sa vie.

Il étudie la philologie romane et son mémoire de fin d'études est consacré à Henri Michaux.

Il traduit : Henri Michaux, Gaston Miron, Jacques Brant et Michel Deguy ainsi que les inédits de Baudelaire, Lautrémont, Valéry et Rimbaud.

Il puise son inspiration poétique dans les poèmes de Rimbaud.

Il est chanteur et traducteur de chansons de Jacques Brel et de Georges Brassens.

Après sa première tentative de suicide Edward parle en français : "Doucement. Rien ne vaut la modération. Doucement."

Le 24 juillet 1979 il se pend dans son appartement à Varsovie.

Edward traduit également de l'espagnol. La Pologne peut le remercier pour les œuvres de : Ocatvio Paz, Ramon Lopez Velarda, Jorge Luis Borges, Julio Cortazar, Onetti Gabriel, Garcia Marquez.

L'errance et l'œuvre

J'ai tellement couru de par le monde(…) Peut-être parce que je suis un proscrit.

Ni Français, ni Polonais, ni Mexicain.

Je ne sentait pas la terre sous mes pieds, ma terre natale, comme on dit" p.41

- 1966- voyage en Yougoslavie

- 1969/70 - un séjour au Mexique

- 1971 - un séjour au Moyen Orient

- 1972/73 - un séjour en Norvège

- 1973 - un voyage en Suisse puis en France

- 1974 - voyage aux Etats-Unis et au Canada

- 1978 - voyage à Paris



J'ai toujours écrit de tout mon cœur p. 36

1957 - "Rêves retrouvés", les premiers poèmes

1962 - "Un seul jour", recueil de nouvelles

1963 -"Beaucoup de feu" - le premier recueil de poèmes

1966 - "Je m'approche de toi" - poèmes

1974 - "Soi" - poèmes

1969 - "Toute la clarté" - roman

1974 - "Tout est poésie"- essais

1979 - "Me résigner au monde" - journal rédigé de la main gauche


"Me résigner au monde"

Stachura, Edward, Me résigner au monde, 1991

Le titre peut être traduit : "Me réconcilier avec le monde", une petite nuance de traduction qui montre que le poète et écrivain cherche malgré tout une voie de secours.

Pour apprécier ce journal il faut d’abord savoir dépasser son douloureux sujet. Comprendre que tout changement pour chaque individu pose un problème majeur. Accepter le fait que nous tous sommes en constante lutte intérieure : d’un côté entre le désir de la vie, de l’harmonie et de l’autre entre la pulsion de la mort, de la transgression et de la destruction.

Que la souffrance provoque un fort désir de fuite, ers la mort, si on ne peut pas faire autrement.

Le journal de Stachura contient seulement 84 pages. Il est très concentré et décrit la lutte contre sa maladie.

Edward Stachura a écrit son journal après sa première tentative de suicide : il s’est allongé sur les rails et en sorti mutilé. Il n'a pu écrire son journal que de la main gauche.

C'est son dernier essai pour : "enfin trouver l’apaisement " p. 17



Une légende

J'ai retenu mes larmes.

Je ne suis ni vraiment vivant, ni vraiment mort. p.35

On ne peut pas dissocier l'œuvre de Stachura de sa vie. A quinze ans il rompt avec sa famille et décide "de devenir orphelin" en coupant tous liens avec celle-ci. Il se cherche, il observe la vie avec du recul. Elle le suit, reflète ses pensées.

D'abord c'est une œuvre de jeunesse pleine d'enthousiasme et de confiance.

Edward fige les instants de la vie. Il s'émerveille devant la nature et son harmonie.

"La nature respire la paix"

Puis, vient la période de réflexion mystique et religieuse avec un recueil d'essais.

Il en arrive à la conclusion que la religion est le seul moyen pour pouvoir survivre.

"J'ai perdu mon TOUT" p.22 La dernière étape c'est le renoncement, c'est le triste constat que jamais il n'apprendra à vivre.

Edward Stachura est un grand poète des "petites" choses. Ces sujets, il les puise dans la vie quotidienne et dans sa propre expérience. Lors de ses nombreux voyages, il s'immerge à tel point dans le pays qu'il en adopte la langue pour écrire. Il faut dire que le poète possède une grande ouverture linguistique. Il n'apprend le polonais qu'à douze ans ; il n'en maîtrisera jamais tout à fait la grammaire et l'orthographe. Cela constitue sa grande force créatrice, il transgresse les règles, crée des néologismes, devient un poète inventif.

Il possède au plus haut point l'art de faire monter la tension, tout en utilisant un langage simple, pratiquement dépourvu de métaphores. Son écriture est un mélange de force, de brutalité et de sensibilité exacerbée.

Après sa mort Stachura devient une légende.

C'est un poète proche, auquel chacun peut facilement s'identifier.

C'est un rebelle en éternelle lutte pour la justice,

un chercheur de vérité,

C'est un homme plein de tendresse pour l'homme

et

poésie est un cri …


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